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Lettre ouverte du 1 juin 1997 à
Monsieur D. Strauss-Kahn Ministre de l'Economie,
des Finances et de l'Industrie.
Madame N. Notat. CFDT
Monsieur M. Blondel FO
Monsieur A. Deleu CFTC
Monsieur J. Gandois CNPF
TITRE : La morale en entreprise doit naturellement concourir à son succès.
Messieurs,
je me permets de vous soumettre ces quelques réflexions:
L'entreprise est soumise en France à des règles qui souvent échappent à la morale.
L'entrepreneur prend de gros risques et il est juste qu'il en tire les fruits sans être constamment soumis au bon vouloir de contrôles administratifs abusifs et irresponsables, instaurés avec de bonnes intentions, mais qui en fait n'ont pas de réelle efficacité. Il vaut mieux y substituer des règles simples découlant de la simple équité.
Mais il n'est pas seul à prendre ces risques. Les employés aussi, ils doivent donc également en tirer les fruits. Ce sont de véritables partenaires de l'entrepreneur.
1° Il est évident qu'une bonne entreprise fait des bénéfices et crée des emplois ou les préserve et fait participer les employés pour une part à ces bénéfices. Il faudrait éviter de taxer les bénéfices lourdement dans ce cas.
2° Il est évident qu'une entreprise qui ne fait pas de bénéfices n'est pas une bonne entreprise. Les responsables de son management doivent être sanctionnés. Il serait équitable et efficace, que dans ce cas les salaires et indemnités des plus gros salaires soient limités à 5 fois le SMIC, qu'il ne soit pas distribué de dividendes ni de jetons de présence pour les administrateurs. Il serait juste également qu'il n'y ait pas d'augmentation de salaire cette année. Les économies faites amélioreront le bilan. Cette sanction incitera fortement l'encadrement et les responsables à faire preuve d'initiative.
3° Il est évident qu'une entreprise qui doit réduire ses effectifs n'est pas une bonne entreprise. Les responsables de son management doivent être sanctionnés. Il serait équitable et efficace, que dans ce cas les salaires et indemnités des plus gros salaires soient limités à 5 fois le SMIC et pour cinq ans, qu'il ne soit pas distribué de dividendes ni de jetons de présence pour les administrateurs. Il serait juste également qu'il n'y ait pas d'augmentation de salaire cette année. Les sommes épargnées seraient versées à un fond spécial d'indemnisation des personnels licenciés. Cette mesure automatique mettrait fin au scandale actuel qui fait que le patron qui licencie passe actuellement pour un bon patron, ce qui est un comble.
En réalité il est très normal qu'une entreprise au bout d'un certain temps de croissance ne puisse plus continuer à le faire et soit condamnée à une diminution d'activité. La croissance ne peut pas être éternelle. Mais ceci est prévisible.
Les grosses entreprises dans cette optique seraient invitées à se morceler en temps utile et à favoriser par tous les moyens l'émergence de micro et petites entreprises qui accueilleraient en temps et a des conditions intéressantes la part de personnel excédentaire. Faute de quoi elles seraient responsables de leur propre déclin et devraient en supporter les conséquences autant que le personnel licencié ( Voir 3°).
J'espère que ces idées inspireront votre action.
Une Copie de cette lettre sera proposée au journal La Croix
à partir du 15 Juin 1997
Je ne suis pas inconscient de la difficulté à mettre de
telles idées en pratique. Je ne pense pas non plus que ce soient
les seules valables. Mais, elles méritent que l'on y
réfléchisse avec un esprit positif.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir les faire examiner par vos
conseillers.
Pour ne pas rester incognito, je me situe rapidement.
Je m'appelle Pierre Bouthors, j'ai 70 ans, et
je suis à la retraite après 30 ans de carrière
à la Régie Renault aux Etudes et Recherches, auparavant
à la sortie de L'école Polytechnique j'ai fait 6 ans
d'Armée dans le Génie.