Comment faire pour sortir de la crise française ?
1998

Les solutions radicalement socialistes ou libérales ont montré leurs limites pour réduire la crise actuelle qui se manifeste par un essoufflement de la croissance et par l'augmentation du nombre des exclus.

Les Anglais en laissant filer leur monnaie et en déréglementant les secteurs nationalisés ont réussi à faire diminuer le nombre des chômeurs mais ceci au prix de la dévalorisation des emplois d'une grande partie de la population. Les Américains avant que la croissance ne vienne les soutenir avaient fait de même. Depuis leur monnaie s'est fortement redressée sans pour autant faire fléchir leur économie.

Parallèlement la condition du "citoyen moyen " ne cesse de s'accroître. Il est mieux soigné, il vit plus vieux, et bénéficie en moyenne d'une meilleure éducation. Malheureusement s'il tombe dans l'exclusion ces avantages disparaissent rapidement.

La Panoplie des emplois disponibles pour créer les biens et assurer les fonctions sociales tend au contraire à se rétrécir. Non seulement le travail de production diminue du fait des progrès de productivité, mais également, au niveau de l'étude, le coût en heures d'un projet a tendance à diminuer.

Il n'y a donc de moins en moins d'adaptation entre la main d'oeuvre disponible et le travail à fournir. Ceci est d'ailleurs aggravé par une inadaptation chronique de la compétence demandée avec celle des demandeurs d'emploi.

La France fait preuve par rapport aux autres nations de singuliers particularismes qui nous handicapent d'autant plus.

Passons les en revue :

Un système syndical peu représentatif, relativement politisé, et possédant l'exclusivité de la représentation. Il est peu efficace dans la négociation, mais efficace dans les luttes du fait de sa politisation et d'un second particularisme la distorsion entre les lois et leur application.

Un système judiciaire manquant de moyens, peu efficace, encombré et, lui aussi, peu respectueux des lois auxquels il devrait s'astreindre, et de plus largement politisé.

Un système administratif pléthorique, plus intéressé à son statut et aux fonctions qu'à se mettre au service des usagers. Ses membres se considèrent comme des citoyens modèles et ont obtenu au fil des années des privilèges de toutes natures dont bon nombre sont tout simplement scandaleux. Ils ne connaissent pas le risque. Leur disponibilité et leur privilège leur permettent de tenter sans risque la carrière politique qu'ils accaparent en grande partie par l'intermédiaire des partis politiques qui contrôlent leurs carrières. Ils sont ainsi à même de s'octroyer de meilleurs salaires et des avantages supplémentaires.

Le secteur concurrentiel qui les fait vivre est suspect de faire le jeu des nantis, alors qu'il comprend une masse de chômeurs, et que les charges prélevées pour faire vivre le secteur public le paralysent dans sa lutte pour survivre dans le cadre international.

Des réformes s'imposent, mais elles sont très difficiles à mettre en oeuvre, car il s'agit de réformer le secteur public et actuellement lui seul en a le pouvoir, mais certainement pas la volonté. Un espoir s'ouvre cependant du coté de l'Europe qui petit à petit conduit l'État à se désengager de taches qui ne sont pas de son ressort pour les ouvrir à la concurrence.

La loi sur les 35 heures qui est le cheval de bataille de la majorité actuelle, montre bien l'impasse actuelle. Il s'agit non pas d'une réforme des services publics mais d'une réglementation supplémentaire du secteur concurrentiel. Les fonctionnaires y voient même l'espoir de voir leurs horaires réduits et leurs contingents d'heures supplémentaires augmentées.

Rédigé en 1997-1998 relu en 2003

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