La première partie de cet ouvrage reproduit le plus fidèlement
possible
les souvenirs, parfois de simples notes, que mon père avait petit à
petit
écrits, après la mort de ma mère, pour retrouver un peu et au moins ne
pas laisser échapper les meilleurs instants de sa vie. La limpidité de
ses récits,
leur pouvoir d'évocation de la vie en Picardie depuis le début du
siècle méritent
d'être appréciés bien au-delà du cercle familial.
Pour éviter, sans doute, de blesser il évite de parler de personnes
vivantes,
en particulier de ses huit enfants. Ses sujets favoris sont sa
jeunesse,
sa femme qu'il aimait beaucoup, ses chevaux, ses automobiles, ses
vélos,
la guerre de 1914, le tennis, la chasse, la pêche qu'il avait pratiqués
avec passion.Ces souvenirs ont été écrits petit à petit sans souci de
composition,
il y a quelques redites, je les ai laissées telles quelles.
J'accompagnerai
parfois le texte d'explications pouvant le compléter, et surtout situer
le contexte pour un lecteur qui ne connaît nécessairement pas les
environnements
familiaux, locaux et régionaux.
Chapitre 1
58 ans d'un mariage très heureux. Du 28 octobre 1924, à Château
Thierry,
au 22 juillet 1983 à Amiens, décès d'Andrée Raison.
Ce fut un mariage de raison envisagé par tante Marguerite Tageaux.
de
Citerne et mes parents. Après 6 mois de bons renseignements une
entrevue
fut arrangée à Citerne le Dimanche 24 août 1924. Je n'avais jamais vu
Andrée. J'avais préparé un questionnaire auquel Andrée a répondu
favorablement, et...
dès le soir nous étions décidés. Andrée est venue voir atteler le
poulain
pour me reconduire à la gare de Wiry. J'ai vu Andrée pour la première
fois
à la maison de Citerne et l'impression a été bonne de suite : beaucoup
de
chic et distinction. Dès le 31 août on recevait Madame Raison et sa
fille
et papa a fait la demande. J'avais envoyé une dépêche à Bus le 25 :
"affaire
excellente, occasion exceptionnelle".
Je le pense encore aujourd'hui et notre mariage, s'il était
préparé,
fut et est resté un mariage d'amour parfait jusqu'au dernier jour. Elle
m'a
rendu aussi heureux qu'on pouvait l'être en ce monde pendant une
période
aussi troublée surtout la guerre et les bombardements de 43 et de 44.
Heureusement
Agnès nous a logés à Couin dans la ferme d'en bas jusqu'à la libération.
Madame Bernard Bouthors mon épouse, née Andrée Raison est née à
Château
Thiery (Aisne) 1 rue saint Martin le 26 mars 1903 de Maurice Raison
avoué
à Château Thiery originaire de Reims et de Marthe Huré d'Abbeville,
soeur
d'Albert, Antoine, Louis, Marguerite, Marie Thérèse (tante
Mimi).Marguerite
était la femme de Joseph Tageaux, ami de Jean Bouthors à la Providence
à Amiens,
que nous avons retrouvé à l'évacuation à Citerne en 1914. D'où notre
mariage.Andrée
a été baptisée et a fait sa 1ère communion à l'église saint Crépin.
Pour ses jeunes années le mieux est de se reporter à ce qu'elle a
écrit
à leur demande pour ses petits enfants. Elle a fait toutes ses études à
l'école de la Madeleine rue saint Martin à Château Thierry sous la
direction de mademoiselle
Lacourt une femme remarquable, choisie par Maurice Raison après le
départ
des soeurs. Ses amies étaient Antoinette Marthner., fille du notaire,
Renée C., fille de l'avoué, Lucie Stefender, une nièce de monsieur
Denis, Andrée
Dufour de Meaux qu'elle mariera à André Viron à Dorignies, (c'était une
marieuse). Au physique c'était une jolie femme grande (1 mètre 72, 55
kilos) élancée
distinguée, ayant toujours le sourire. Elle aimait être bien coiffée et
allait
souvent chez madame Dessavoye.Au moral, elle était une femme
merveilleuse
que Dieu m'a laissée 58 ans. Les lettres de condoléances ne sont que
louanges.
Les obsèques ont eu lieu le lundi 25 juillet à 14 heures 15 dans la
grande
nef de la cathédrale pleine de monde (300 à 400 comme à une grand
messe).
Il y avait 9 prêtres pour concélébrer, Marcel présidait et a fait une
très
belle homélie, entouré de : Etienne et Michel Houdant, l'abbé Leclerc,
père Lesaffre, Père Dubromel, abbé Prache, abbé Julien, abbé Pierre
Perdu.
L'inhumation a eu lieu par très forte chaleur, à la sépulture de
famille
à Bus les Artois. Il y avait de Bus : Le maire Marquis, Raymond M.
(presque
aveugle), Edmond Choquet et sa femme.
Chapitre 2 Jean Bouthors : mon père. 7 janvier 1869 + 5 août 1933
Achille Bouthors et Mathilde Ibled ont eu un fils Jean Louis Henri
Bouthors,
né dans le nouveau Val Vion bâti en 1864. Avant lui, ils avaient eu 3
filles,
Marie, Marguerite et Jeanne nées dans l'ancien Val Vion. Ce fut une
grande
joie pour eux, enfin un fils, alors qu'Achille était le dernier des
Bouthors du Quesnoy.En 1870 il(mon père) faillit être tué dans les bras
de sa mère
par une balle tirée par un Hulan à travers la porte de la salle à
manger.
Il était ivre et ce Bavarois fut gracié à la demande de grand-mère. Il
fit
ses études à la Providence à Amiens comme son père et obtint son
baccalauréat.
Son père mourut d'un cancer à l'estomac à 50 ans. Il fit son
volontariat
au 29 ème d'artillerie à La Fère et à Laon et il faisait une période
lors
de la mort de Gabrielle en 1902. Il prit la direction de la ferme et
habitait
à Beauquesne dans la maison construite par son grand-père Auguste. Y
naquirent
:
Gabrielle en 1894.
Pierre en 1896.
Bernard en 1898, mort à Bus en 1898.
- 24 octobre 1893. Il épousa à saint Martin d'Amiens Marie Léturgie
amie
de pension de sa soeur Thérèse au Sacré Coeur d'Amiens.
-1898. Il achète Bus à la mort de monsieur de Nampty en grande partie
en
vendant les titres russes de leurs dots... bonne affaire. Les terres
étant louées, il ne put les reprendre qu'à fin de bail.
Ce fut d'abord la vie de château, chasses, voisinage avec le Val Vion,
Vauchelles
et Mondicourt à cause d'une excellente jument que je n'ai pas connue.
Cependant cette période fut attristé par le décès du petit Bernard en
septembre
1898.
- 1899. Je nais le premier dans le château, construit en 1848, le 1er
août
1899 et l'on me donne le nom de mon petit frère.
- 1900. 10 octobre, naissance d'Antoinette.
- 1901. 24 septembre. naissance de René.
- 1902. Le 2 septembre ma soeur aînée Gabrielle se noie
accidentellement
près de la niche à chien, effrayée par lui, dans la mare saumâtre
malgré
une très longue respiration artificielle. Je suis allé chercher Odile
au
jardin et il l'a remonté avec une échelle. Père était absent car il
faisait
une période militaire.
- 1893. Jean Bouthors. né au Val Vion le 7 janvier 1869 et Marie
Léturgie
née à Armentières le 30 novembre 1874 se sont mariés à l'église saint
Martin d'Amiens le 24 octobre 1893.
Madame Léturgie habitait rue Boucher de Perthes à Amiens où elle
était
venue en 1888 après la mort de son mari Benoît Léturgie à Armentières
pour
être plus près de son frère Henri Quenelle. notaire à Nesles.
Après la mort de son père, Achille en 1890, Jean Bouthors fit son
volontariat
à La Fère et à Laon, habita à Beauquesne la maison construite par
son grand-père
Auguste Bouthors, époux d'Arsène Brouilly. Il géra la ferme du Val Vion
jusqu'en
1898, suivi par son frère Joseph.
Ils eurent en 1894 Gabrielle.
en 1896 Pierre.
En 1897 Bernard, mort en 1898 à Bus- 1898.
Ils achètent le domaine de Bus à la succession du comte de Nampty. Je
naquis
le 1er août 1899, le premier né dans le château construit vers 1847. On
m'appela
Bernard.
- 1899. L'été était superbe, il y avait beaucoup de cerises dans la
basse
cour. Mes parents étaient allés visiter l'orphelinat des salésiens au
Rossignol
à Coigneux. C'est ainsi que je naquis au milieu des... prunes. Mon
parrain
Paul Raviard faisait une période. Je fus ondoyé quelque temps plus
tard.
Ce fut un baptême formidable avec distribution de force dragées, ma
marraine
fut tante Thérèse, madame Alphonse Tierny. J'ai eu longtemps ma boite
de
baptême en lettres gothiques.
- 1902. Mon premier souvenir personnel est la mort de ma soeur
Gabrielle
qui périt noyée dans la mare où elle est tombée à la renverse ayant
peur
du chien, étant grimpée près de la grille du chenil. J'ai couru
chercher
Odile Mathieu qui était au jardin. Il l'a remontée avec une échelle. On
ne
put la ranimer malgré la respiration artificielle.
Nous avions une institutrice mademoiselle Berthe Dobelle une
religieuse
sécularisée, excellente et sévère. Pour la moindre faute nous recevions
des
corrections avec un bout de rêne pliée. Mon frère Pierre reçut même une
correction
avec une poignée d'orties.
- 1910. Je pars au collège saint Joseph à Arras pour être avec mes
cousins
Tageaux et où était déjà mon frère Pierre. Le jour de mon entrée
j'avais
une terrible rage de dents et Pierre me mit un mouchoir mouillé sur la
joue.
- 6-6-1910. Un terrible orage et la foudre passa le long du
paratonnerre
près de mon lit. Elle fit un petit trou dans la cour des grands. Je fis
des
bonnes études en 6ème puis en 5ème.
- 1911. Je rentrais à Bus pour servir d'élève au nouveau curé l'abbé
Damagnez qui venait de Poix ; sa servante s'appelait madame
Deflesselle. Le curé précèdent
était l'abbé Ledieu qui disait qu'il ne se serait pas fait prêtre s'il
avait
prévu la séparation de 1905. Sa bonne mademoiselle ...... était
surnommée
"long nez", elle disait par exemple : "nous confessons tel jour".
Madame Jean Bouthors.
née le 30-11-1874 décédée le 9 mai 1965.
Marie Béatrix Léturgie est née à Armentières le 30 novembre 1874 de
Benoît
Léturgie commerçant en draps (Louvre, Bon Marché) et de Eugénie
Quenelle.
Elle a épousé Jean Bouthors, du Val Vion le 24 octobre 1893 à saint
Martin.
Elle a fait de très bonnes études à saint Maur à Lille puis au Sacré
Coeur
à Amiens où elle a connu Thérèse Bouthors, la soeur de Jean. Elle avait
une
excellente mémoire, un caractère très ferme, une foi très profonde.
Elle a eu 12 enfants :
Gabrielle 1894, +2-9-1902 Agnès.
Pierre 4-5-1896, +5-6-1918 Béatrix 30-7-1909.
Bernard, +1898 Elisabeth -6-1911.
Bernard (moi) 1-8-1899 Antoine 2-7-1913.
Antoinette 1-10-1900, +3-11-1979
René 24-9-1901
Yves 5-1-1905
Marcel.-1
Des chevaux
Avant 1914 la culture se faisait avec des chevaux, à la maison il y
avait
de belles écuries quatre places avec bas flancs d'un coté, trois boxes
avec grilles ornées de grandes couronnes de comte et "N" de l'autre qui
servaient
aux poulinières avec leurs poulains et au cheval de voiture.
Les chevaux de trait étaient :
Stella mayennaise noire.
Ardera sa fille, noire (9 km à l'heure au pas), papa hésitait à
l'enclouer
pour qu'elle ne parte pas à la réquisition en 1914.
Lisette boulonnaise gris pommelée,
Jolie boulonnaise noire,
Juliette alezane,
Le poney d'abord Ménelite I, 1m10, étalon espagnol, puis Ménelite 2,
puis
Sultane en 14, Darling en 18 acheté à l'armée anglaise, pur-sang,
Vainqueur son fils venant de Janille à Blangy sur Bresles,
Gazelle sa fille empalée dans la percée.
Kabyle 1/4 sang venant du Val Vion,
Untel fils de "Fille de l'air" cheval à 2 fins.
Il y avait encore un box isolé dans un coin de la ferme muni d'un
loquet
que les chevaux finissaient par ouvrir. On dut y mettre un cadenas.
J'aimais les chevaux dès ma tendre enfance et (nous) aimions à monter
dessus
les pieds sur les avant-trains et les mains crispées le haut du collier.
On battait les récoltes avec une "trottineuse", plan incliné sur
roulettes
que le poids du cheval en piétinant faisait avancer. Cela faisait
beaucoup
de poussière et papa qui engrenait toujours pour bien régler le débit
avait des gants à cause des chardons et attrapait beaucoup de rhumes.
Une fois
j'étais monté sur Jolie pleine de sueur pour rentrer à l'écurie.
N'ayant
qu'un licou elle partit au galop et je passais de justesse à la porte
de
la ferme qui était assez basse.
Ma première monture fut le petit poney Ménelik I qui tirait une petite
voiture
à 4 places dont l'essieu était coudé à cause de sa petite taille. Le
plancher
était très bas, on y montait facilement. Il y avait une charrette genre
normande,
bâchée, 2 roues et la grande voiture à 4 roues 2 places à l'avant et 4
places
à l'arrière par où l'on accédait.
Tennis
1914. Mes parents nous offrirent une boite de tennis: 2 raquettes, 6
balles,
un filet avec tendeurs. La pelouse n'étant pas assez unie nous avons
décapé
l'herbe à la pioche et bien roulé le terrain qui était possible. A
chaque
bout des perches en bois et du grillage pour arrêter les balles égarées.
A saint Joseph, j'étais en seconde, nous avions promenade le mardi et
le vendredi
et j'y jouais sur le jeu de paume Beaumis ou aux allées à Arras.
A Bus on faisait nos débuts sérieux et invitait quelque fois Louis et
Raoul
Diruy. qui pourtant n'étaient pas dans nos idées. Les soldats français
y
jouaient aussi puis les anglais. Il y avait même un australien champion
du
monde! Un général de 70 ans qui avait été aux Indes, jouait avec une
chaussette
noire et l'autre jaune.
1916. On jouait beaucoup dans la cour à saint Vincent, j'étais en
math-élem.
1917. J'étais en math spé aux postes à Versailles. On jouait sur
l'herbe
puis sur un court en mâchefer.
1919. Reçu aux Mines en juin 1919.
1920. Je commençais à mieux jouer et engagé à Académia j'arrivais à
jouer
de temps en temps à Paris. De mon hôtel j'allais jouer fin d'après midi
à
Saint Cloud et on me réservait mon dîner, hors d'oeuvre, petit suisse,
confiture
et fruits. J'y rencontrais de bons joueurs et je fis de gros progrès,
prenant
des leçons avec Darsonval qui nous faisait jouer à 20 cm de la ligne du
fond.
Lacoste prenait aussi des leçons et Darsonval voulut me faire jouer
avec
lui. Je lui pris un set 6/0 et il ne voulut pas continuer, ses parents
étaient
là.
J'ai eu l'occasion de jouer avec Guillemot et même Brugnon. J'ai fait
une
fois des balles à Tilden qui s'ennuyait. Il me faisait mettre un
mouchoir
par terre et s'efforçait de mettre sa balle dessus quel que soit la
balle
que je lui envoyais.
A la Toussaint mon camarade Gourdain me conseilla de m'engager au
tournoi sur court couvert au handicap, j'avais 30. J'y ai battu un
anglais Davidson
6/0 6/1 et l'on a signalé mon exploit dans "l'Auto", un espoir! J'ai
encore
battu Chavez et ai été éliminé par Turner le fabricant de raquettes.
Au Stade j'ai beaucoup joué avec Laurent qui était aux Mines et son
frère
qui était ps fort.
Le court central ou se jouaient les grands championnats était bombé et
le
recul considérable aussi n'ayant pas de ramasseurs de balles, c'était
pénible.
Au tournoi de la Toussaint, j'ai dû arbitrer, et me suis fait engueuler
pour
une balle faute que monsieur de la Genière voulait bonne.
- 1924. Je jouais au club de Douai avec Regnault et Lefort, que j'ai
retrouvé
à la chasse chez Devignes, et Dupire parent de monsieur Riolot qui
jouait
avec des bretelles.
- 1925 je jouais à Château Thierry et j'ai gagné le championnat de 3ème
série
à Soisson et le double avec Papillon. On devait jouer la finale à
Reims.
Nos adversaires ne sont pas venus. Partis pour Douai à 5 heures du
matin,
l'oncle Georges nous a offert un bol de lait et un gâteau moka, à Laon
le
coeur n'y était pas! A Soisson, j'avais fait 169 jeux la même journée
et
nous sommes rentrés à Château Thierry à minuit après avoir dîné au
champagne
à l'hôtel de la Croix d'or. Le lendemain nous repartions pour déjeuner
à Beauquesne
chez tante Marie Thérèse. A Bézu nous avions eu une panne: ressorts de
soupapes
cassés; après le déjeuner, nous nous sommes endormis dans le salon.
Eglise de Bus
Descendant du château par la cote de la chapelle, pavée en briques, et
la
petite grille du parc on arrive à l'église en contre bas du château et
du
presbytère. On y entre par la petite porte de la chapelle de saint Jean
Baptiste et l'on descend quelques marches. Un tableau représente la
décollation de
St Jean Baptiste. Un petit reliquaire renferme parait-il un morceau du
pouce
du saint. Tous les ans le 24 juin on venait pour l'imposition des
évangiles.
L'église est sous le vocable de St Pierre et la fête du village avait
lieu le dimanche après le 28 juin. On fêtait aussi le lundi et le
dimanche suivant,
c'était le "rebond".
Derrière l'autel, une représentation de l'apparition du Sacré Coeur
à
Ste Marguerite Marie au milieu de nuages "genre meringues" éclairée par
un
vitrail de couleurs bleu et rouge surmontant une petite tour en briques
prolongeant
la nef. Peut être que ma soeur Antoinette a été influencée par cette
apparition car elle est entrée à la Visitation de Roubaix après une
visite à Paray le
Monial. Les de Nampty avaient offert ce travail suite à une promesse si
les
Allemands ne venaient pas à Bus en 1970.
Il y avait aussi un bel ostensoir en argent qu'on sortait aux
processions.
De chaque coté de l'autel deux vitraux représentant St Pierre et la Ste
Vierge,
de l'atelier L. Bazin au Mesnil St Firmin. Des colonnes ne semblaient
pas
tenir debout par suite de mauvaise perspective.
Du coté de l'évangile, il y avait des petits boxes fermant avec un
petit
verrou, un porte-livre et un petit banc couvert de velours. Nous
faisions tourner de petites colonnettes qui grinçaient. C'était le coté
château.
Du coté de l'épître c'était les gamins sous l'oeil du curé et du
suisse. Car
il y avait un suisse avec bicorne et hallebarde: Victori Josse qui
avait
10 enfants. Dans la chapelle de la Ste Vierge se trouvait le
confessionnal.
En face de la chaire, un grand Christ et la plaque souvenir des morts
pour
la France en 14-18 dont mon frère Pierre tué à Longpont le 5 juin 1918.
Dans
le fond était la tribune et l'harmonium mu par ma mère qui dirigeait le
choeur
des jeunes filles. Certaines avaient une belle voix: Julienne
Delaporte,
Germaine Rouget, Madeleine et Georgette Choquet. Père faisait le
baryton
et ma mère chantait aussi malgré sa voix cassée. Pour la Noël c'était
grande
répétition pour le "Pastores"; Les oncles Henri et Alexandre venaient
quelque
fois.
Le clocher trapu et carré contenait trois cloches que l'on
manoeuvrait
avec cordes, les jeunes gens montaient parfois jusqu'au plafond. On
payait
pour faire sonner les baptêmes, les mariages et les enterrements, les
glas.
La grande porte du fond était alors ouverte et à la sortie on tirait en
l'air
force coups de feu et de pétards.
Dans le fond de la tribune, il y avait un grand placard où l'on mettait
les
bannières pour les processions. On sortait les cierges du "mare" et de
la "maresse" tout enrubannés. On voyait alors une fenêtre à ogives
(XVIème?).
Un escalier en colimaçon éclairé par de minces ouvertures tournées vers
les
entrées des souterrains, du temps des espagnols, permettait d'accéder
aux
cloches. Au dessus du porche, des armes(?).
Notre évacuation en Normandie
Août-septembre 1914
Le 15 août au soir nous avons entendu le canon pour la première
fois.
C'était la bataille de Charleroi. Osite et Prosper Hurtel de Huppy
étaient
nos domestiques partis en vacances et Prosper mobilisé dans la
territoriale
fut tué en octobre 14 au bois de Logent près d'Ablainzeville près
d'Arras.
Osite revenant à Bus avait appris à Albert que les allemands étaient
déjà
à Guise. Elle repartit. Un monsieur de Grévillers est venu nous dire de
partir
au plus vite, car ils prenaient les garçons et même en avaient torturé.
Aussitôt on a préparé le grand chariot attelé avec Ardeur et Juliette
et
la charrette avec Sultan. Dans le chariot on a mis avoine, foin, seaux,
matelas,
draps et couvertures. On a enterré dans des pots de lait Maggy titres
et
argenterie dans un grand terrier à renards dans le carré sud-est du
bois.
La petite cafetière louis XV avait été oubliée. Je suis allé l'enterrer
devant
un terrier à lapin au bord de la grande allée. On la retrouva,
brillante,
à notre retour.
M. Rouget avait demandé à papa, d'emmener sa femme et sa fille qui ne
nous
ont pas quittés. A l'aube on est parti pour le Val Vion puis Le Roul,
Naours,
Wargnies, Canaples, nous avons gagné L'Etoile, nous avons vu les
premiers
soldats français qui gardaient le pont. Par Longprès les corps saints
nous avons gagné Airaines chez M. Marcel notaire. Nous avons couché à
l'hôtel
à Flixecourt. La nuit nous avons entendu passer des cavaliers, ce
n'était
pas des uhlans mais des dragons français.
D'Airaines nous avons gagné Wiry et Citernes où papa avait un de
ses
amis de la Providence, Joseph Tageaux... dont j'ai épousé la nièce
Andrée
Raison. L'après-midi par Oisemont nous sommes arrivés à Sery.
Après quelque repos, nous avons pris le chemin de Rouen et peut être St
Brieuc
où était tante C.. Nous avons couché avant Neuchâtel à la petite ferme
des
Manger, à Neuchâtel déjeuner à l'hôtel des trois étoiles, puis les
Hayons
et St Martin Osmoville où l'on faisait boire les chevaux. Un homme nous
ayant
traités de défaitistes et de lâches papa a failli se battre. Maman l'en
a
empêché. Un peu avant Rouen, au Vert Galant, nous avons trouvé un
grenier
pour nous coucher, chez les Sallies très aimables. Il y avait une
auberge
à coté. Arrivant à Rouen par Bois Guillaume, Antoinette débarbouillait
Antoine
15 mois et montrait son cul aux passants. Pour éviter les pavés
glissants
à l'entrée de Rouen nous avons pris par la rue Verte en forte
déclivité.
Lorsqu'on a voulu freiner, la manivelle était dévissée et les chevaux
ont
pu retenir en catastrophe et bloquer sur le trottoir. On a remis la
mécanique
et stoppé sur la place Napoléon(?) à coté de St Ouen. Un attroupement
s'étant
fait autour du chariot, papa a pris sa casquette et a fait semblant de
faire
la quête. Quittant Rouen par petit et grand Couronne nous avons gagné
Bourgthérolde
où nous avons été logés chez l'épicier Lhomier et une chambre vide aux
papiers
déchirés. Les chevaux à l'auberge à la sortie sud.
Par Brionne nous avons atteint le carrefour de Malbrough et la route de
Lisieux.
Coucher au Theil-Nolant, peu aimablement reçus par le châtelain et le
curé, qui nous ont demandé nos papiers comme à des romanichels, dans
une ferme
abandonnée. Il y avait un if de peut-être 2000 ans, une niche à chien
dans
laquelle René toujours distrait était tombé. Le soir papa ne revenait
pas,
nous étions inquiets. Nous avons même cru qu'il était tombé dans une
vielle
mare ou plongeait un vieux tronc de saule.
A Lisieux nous avons pris la route de ST Pierre sur Dives et nous
sommes
arrêtés à St Julien le Faucon, très bien reçus par M. Lebidois le
charcutier,
M. Brossart l'épicier qui avait des parents à Foraville, et les
demoiselles
Seigneur où étaient les filles. Les parents et les garçons chez les
Brossart.
L'abondance de charcuteries eut vite raison de mes intestins et j'ai
bien
connu le chemin du petit coin, au fond du jardin. Après un peu de repos
nous avons repris le chemin de Falaise, par St Pierre sur Dives Courcy
et Louvagny.
M. Lebidois avait une jolie maison avec un bow-window à petits carreaux.
Il mangeait énormément et lorsqu'il était repu faisait d'énormes rots
qu'il
accompagnait d'un large geste de la main pour les aider à s'envoler.
A Courcy, papa maman et les petits ont déjeuné chez M. Garnaveau, le
maire.
Madame fit une énorme omelette dans une grande poêle à long manche sur
le
feu de bois (comme la mère Poulard au mont St Michel). Les garçons ont
mangé chez M. Leprince, adjoint qui avait un nez formidable violet et
grêlé. Pour
me guérir de ma dysenterie, il m'a donné une tasse de calvados, ce qui
eut
de l'effet.
Sur le conseil de M. Garnaveau nous avons frappé à la porte du château
du
comte de Postel engagé, bien que réformé, dans les ambulances de la
croix
rouge. Les Lefebvre à Mondicourt ont mis leur villa à sa disposition.
La
comtesse fille du marquis de la Roche Lambert dont nous avons visité le
château
près du Puy était absente. Les domestiques nous ont reçus aussitôt. La
propriété de 100 hectares était entourée de murs et on pouvait y
chasser en tout temps.
Nous avons été mis dans le splendide grand salon Louis XV et Me et Mlle
Rouget
dans le petit salon à coté. Rentrée la comtesse nous a dit avoir connu
tante
Elisabeth.
Il y avait énormément de lapins et nous avons panneauté un boqueteau et
pris
200 lapins à coups de bâtons avec des furets. On les a portés à
l'hôpital
de St Pierre sur Dives. Pierre menait la Comtesse avec la charrette, à
St
Pierre sur Dives et Joeuf.
Papa a aidé à faire la moisson avec moissonneuse à très grande coupe
(3m
au lieu de 0,80m à Bus). Il y avait un grand cellier pour le cidre dont
un
fut de 70 hectolitres. Devant le château, à coté de la belle église, il
y
avait un gros noisetier de noisettes rouges St Gratien avec des
bouquets
de cinq. Résultat: j'ai attrapé une indigestion de noisettes. Nous
mangions
à la cuisine beaucoup de soupe aux poireaux. Le broc de cidre, en bois
était bien culotté. Le front semblant se stabiliser après la bataille
de la Marne,
nous avons pris le chemin de retour par le même itinéraire qu'à
l'aller.
A Brionne près du château où les enfants peignaient les barrières
blanches,
on a fait boire les chevaux chez des alsaciens qui ont fait goûter à
papa
le meilleur pur jus qu'il n'ait jamais bu. Par Sery nous avons regagné
Bus
où l'on a entendu le canon. C'était la course à la mer et la cavalerie
remontait
vers le nord. Un soir arrivèrent des dragons et le fourrier demanda à
loger
les chevaux. C'était François de Molliens un petit cousin. On en a mis
dans
toutes les écuries et les étables. Des sentinelles gardaient le bois et
le village. Ils repartirent le lendemain. Puis ce furent des
cuirassiers avec
le petit-fils du Maréchal Niel, M. H. et M. de C.. Ils se conduisirent
très
mal dans le village. Puis ce furent des hussards, blanc de peur.
Fin octobre 1914 le front se stabilisa à environ 6 km à l'est de
Bus.
Gommécourt, Bucquoy, Puiseux, Serre, Beaumont étaient allemands ;
Fouquevillers,
Hébuterne, ferme de Tout Vent, sucrerie de Mailly étaient français.
Dès lors il y eut toujours un état major au château. Le colonel de
Nadaillac
Cdt la 163 ème brigade territoriale s'exposait dans les tranchées,
disant
: "je mourrais donc dans la peau d'un colonel". -25 février 1915. Au
chemin de Coigneux, Le capitaine Peyrat et le lieutenant Dardes (ing.
au métro de
Paris) de l'artillerie montaient observer dans une "saucisse" où ils
avaient
bien mal au coeur et on la descendait en vitesse quand il y avait un
"taube"
qui voulait l'enflammer ou des "schrapnels". Papa en a même eu un sur
le
talon de sa chaussure.
-12-3-1915. L'abbé Boudon aumônier du 21ème Argentin, le Gal..., le
Lt
Cl Clément Cdt le 20ème Tal d'infanterie, le Gal. Dauvin Cdt la 21ème
division,
93ème RI et 137ème RI bretons et vendéens venaient au repos à Bus. On
fit
de nombreuses attaques sans succès.
-28-7-1915. Le Gal de Castelneau vint quelques jours. Il se promenait
en
donnant la main à mon frère Marcel.
Les Anglais.
-24-9-1915. Les Anglais relevaient les Français jusqu'à la Somme. J'ai
bien
connu un lieutenant de cyclistes qui logeait à l'ancienne maison de
Jean
Baptiste Diruy (j'ai une armoire Louis XV venant de lui). Nous jouions
aux
échecs et parlions beaucoup en anglais. Je faisais d'énormes progrès;
plus
que lui en français. Il habitait Cambridge, Appleroad Alfahouse. Sa
soeur
était infirmière militaire.
-26-3-1916. L'état major de la 48ème division commandée par le Gal
Fanshow,
Queen regiment, Worcestershire regiment, Oxfordshire yeominry, puis
31ème division de la Garde, P. de la Chesnaye interprète. John Ponsenby
Gal de
la 2ème brigade de la Garde, cousin du roi, qui bégayait et était
surnommé
Pon.Pon. Gal Cuthbert 39ème division. Gal Harper commandant la 51ème
division
(écossais).
-1-7-1916. La gare de Doulens fut bombardée cette nuit là. Le matin la
grande
attaque commençait, les pertes furent terribles, camp terre-neuvien
90/100
en 20 minutes.
-23-1-1917 3ème division de Tarnowsky (avec) interprète
-31-31917 Douglas Haig, maréchal (signature); H.Fanshaw major général
-10-7-17 D F Sucombe (dit M. Paille)
-10-1-1918. 2 américains de passage: Cap Hubert E.Alges et Arthur Hart.
-23-8-1918 . Nous étions à Sery. Antoinette en convalescence.
-25-9-1918 . De retour à Bus avec des anglais.
-7-10-1918 . Cap R E Arthur Robert.
-5-11-1918 . 7ème Somerset L.
-9-3-1919 . Pendant 3 mois, 12ème Rifle brigade Lt Col Breckow
Avant le 1-7-1916 le front était assez calme, mais les anglais
préparaient
une grosse attaque "the big push" pour dégager Verdun. Le maréchal Haig
dont
l'état major était au Val Vion, le corps d'armée à Mérieux, vint
s'installer
à Bus. D'énormes tanks, les premiers, étaient emmené à Raincheval. Le
lieutenant
Martin était devenu aviateur et cantonné à Clarfay. Il passait souvent
très bas au dessus de la maison et on mettait une serviette sur la
pelouse pour
l'inviter à dîner. Le 1er juillet 1916 rentrant de vacances, on mettait
des
heures, 12 parfois, d'Amiens à Doulens, je suis allé coucher chez
Hardi,
près de la citadelle, dans des draps de chanvre qui grattaient
terriblement.
Grand mère Léturgie.
La mère de ma mère Eugénie Léturgie que nous appelions Grand Mère
d'Amiens
était flamande née à Meterens! Et restait fidèle à sa province. Elle
avait
deux bonnes, deux soeurs, Sophie et Sidonie Mortelette qu'elle payait
30
francs par mois, petites, toutes les deux. Sophie était une excellente
cuisinière,
Sidonie femme de chambre qui dame et avec son "en cas" ou son ombrelle
faisait
penser à la reine Mary d'Angleterre.
Elle était bonne, mais sévère, surtout pour la propreté et nous
pleurions
lorsque nous devions, pour une naissance, passer quelque temps chez
elle.
Après avoir habité rue Boucher de Perthes une grande maison, après le
général, elle s'était installée au 87 rue Lemerchier, grande porte, 2
étages, une
véranda avec vitraux chauffée par un grand poêle appelé "phare".
Dans la salle, très sombre, éclairage au gaz: 3 tulipes sur une monture
vert-foncé.
Le salon sombre aussi était presque toujours fermé et les meubles
couverts
de housses, ouvert seulement pour "mon jour", le mur de la cour, exposé
au
midi, était couvert de jasmin qui embaumait. Une cuve recueillait l'eau
de
pluie pour la lessive. Le petit jardin aux murs couverts de lierre
était
séparé de la cour, pavée de grès, par une petite grille.
C'est après la mort de son mari, en 1888, Benoît Léturgie qu'elle vint
à
Amiens, près de son frère Henri Quenelle notaire à Nesle. Elle était
fidèle
à sa Flandre natale et faisait venir son beurre de Leberem. Elle avait
deux
filles: Marie ma mère et Berthe.
Sa santé était fragile, crises de foie; elle faisait des cures à Vichy
et
à Royat où elle rencontrait de grands personnages avec qui elle
correspondait
: Mlle de Reinkamph de la cour de Russie, des grands d'Espagne etc..
Le docteur trouvant son cas très sérieux lui conseilla de marier
ses
filles le plus tôt possible. C'est ainsi que Marie épouse Jean
Bouthors.,
le frère de Thérèse son amie du Sacré Coeur. Les dots se convenaient,
le
reste aussi.
Elle nous fit faire de beaux voyages, surtout à Pierre et à moi,
elle
n'osait plus voyager seule. Nous vîmes la mer la première fois au
Tréport,
la ferme de la Madeleine, le château du comte de Paris, la forêt.
Pierre tomba
dans une petite mare couverte de feuilles mortes et fut trempé. Nous
étions
à l'hôtel, sur la place de la collégiale St Laurent et le 10 août fête
du
saint je fus ramené dans les bras de M. Permelier, tant il y avait
d'eau
sur la place. Nous allâmes aussi à Compiègne, Pierrefonds, Laon ou elle
renvoya
les oeufs à la cuisine car ils étaient sales.
A Liesse nous avons vu N D de la Salette et aussi le château de
Marchais
propriété du prince de Monaco. Nous avons pu visiter grâce à M.
Delporterie
d'Amiens qui était l'architecte du prince. Nous avons bu pour la
première
fois du champagne au buffet de la gare de Laon.
Grand mère avait un régime sévère, eau, viandes blanches, légumes. Elle
était
outrée parce que les ouvriers mineurs mangeaient disait-on... du poulet.
En 1909, ce fut mieux, elle nous mena en Suisse. Par Delle, Petite
Croix,
Pontarlier ce fut Lauzanne, au 3ème étage d'un magnifique hôtel donnant
sur
le lac, Evian et la dent du midi. Le petit déjeuner: croissants,
chocolat,
confiture était délicieux. On fit des promenades en bateaux à aubes sur
le
lac à Montreux, le château de Chillon, les rochers de Nayeen, train à
crémaillère.
A Martigny, nous étions près de Chamonix par le col de la Forclaz.
Guillaume
II voyageait sur le même bateau.
A Montreux il y eut une grosse tempête impressionnante de la salle à
manger
qui était au raz de l'eau sur pilotis. Les allemands se servaient des
assiettes énormes.
En 1911, j'étais seul avec grand mère, nous sommes allés à Berne et
Lucerne,
toujours dans les grands hôtels. Nous sommes montés en funiculaire au
Righi-Kubru;
J'ai fait la dernière partie avec une petite luxembourgeoise, déjà
rencontrée
avant. Vue splendide sur les lacs. Nous sommes sur la route du Saint
Gothard, jusqu'à Fhuclen le pays de Guillaume Tell. IL y avait des
affiches partout
pour se méfier des incendies, car soufflait le "foehn" vent desséchant.
Par
contre je n'ai pas pu la décider à faire l'ascension du "Pilate". Elle
avait
70 ans.
Elle venait à Bus de temps en temps en voiture de louage, landau ou
berline,
à deux chevaux. Il fallait 3 heures au moins, que 1/4 heure pour le mur
d'Allonville.
Son cocher préféré était Niez qui portait de belles rouflaquettes. Il y
avait
à l'époque un octroi à Amiens sur le pont Lemerchier, il faisait noir
et
grand mère dit qu'elle n'avait rien à déclarer or...elle avait un
poulet
sur les genoux.
Elle avait une excellente cave : Richebourg, Pontet Corvet 74, haut
Sauterne,
Banyuls, etc, achetés chez Cuvelier à Haubourdin. Ses visiteurs en
profitaient.
Lorsque nous sommes arrivés à Amiens en 1929 elle nous offrait souvent
une
bouteille pour le moindre service. Son vin fut transporté au 51 rue
Causette et supporta bien le voyage. Elle est morte d'une congestion
pulmonaire à
87 ans en janvier 1933. Sa veilleuse de nuit est morte avant elle. On
l'a
trouvée contre la porte de sa chambre.
Mes chevaux de selle.
A 5 ans, j'étais déjà monté sur des chevaux de culture, à
califourchon
me tenant au haut du collier, Odile Mathieu étant assis en travers
derrière moi. Papa acheta un petit poney espagnol (Ménélite I), entier,
d'environ
1m10. Je ne pouvais tomber de haut! noir, il avait un chignon et une
crinière
touffus. Après on lui coupa ras à la tondeuse. Il trottait, galopait
bien
et parfois se cabrait. Je ne suis jamais tombé. quand j'ai eu 7 ans, je
l'ai présenté à un marchand dans la le long de la maison des Ibled à
Mondicourt
: c'était Ménélite I.
Papa acheta un Tarbais plus grand et un peu vicieux qui se frottait
contre
les murs si le cavalier était trop lourd. Il ne suait jamais même
lorsqu'il
a porté les bulletins de vote dans toutes les communes du canton.
L'oncle
Alexandre me promit une forte somme si je venais à Beauquesne (100
francs
peut être) et je gagnais le pari.
Il s'emballait de temps en temps. Au bois de Fey(?) je le faisais
tourner
à toute allure entre les moyettes pour le calmer. Pendant la moisson,
j'étais sur lui derrière le chariot qui allait au bois de la Fey, il
prit le galop
et culbuta dans le cassis devant l'école. En se relevant il mit son
pied
ferré à neuf sur ma cuisse et j'eus une blessure de 25 cm qu'on me
soigna
à l'eau oxygénée et guérit.
Après j'étais à St Joseph, il y eut un alezan Sultan et je montais
moins.
On est parti avec lui à la charrette en 1914
Un dragon, Lt Gilles, voulut apprendre à René sur un cheval qui
trottait
très sec et au tape- cul. Il fut dégoûté du cheval sauf au pas et au
galop.
Papa acheta Darling 1.200 francs à l'armée anglaise excellente jument
d'origine
pur sang. Papa l'a essayée avec une bride et une gourmette bien serrée.
Elle
se débattit et voulut enlever sa bride en la frottant par terre. J'ai
proposé à papa de l'essayer avec un bridon et elle ne fit plus de
difficultés. Elle
avait la bouche tendre et elle obéissait bien. Son galop était très
souple
et agréable. Elle avait beaucoup de résistance. Je suis allé à Doulens
à
18 km presque tout au trot, chercher des scies de moissonneuses. La
boite
était lourde et les chocs répétés. J'eus la peau de la cuisse à vif.
En 1918 elle nous mena à Sery. On faisait de magnifiques ballades en
forêt
d'Eu où l'on voyait des chevreuils qui nous suivaient à distance. On
cueillait
des framboises aux framboisiers géants, à cheval on y arrivait, vers le
poteau
Maître Jean. Marie Thérèse Charruey m'accompagnait en amazone. Nous
avions
du succès auprès des anglais des cantines et j'ai ramené bien du tabac
à
Versailles. Tante Marie Louise montait aussi, on faisait des galops
dans
l'allée du bois de Bouillancourt et du château d'Anserme où était le
comte
de Paris.
De retour à Bus, papa acheta aux anglais un canadien "Souvenir"qui
sautait
fort bien,mais il était paresseux; avec des éperons il marchait. Il y
avait
aussi une jument anglaise "Darkir"avec des pattes poilues qui trottait
en
souplesse. Un jour à Famechon, elle a tourné sans prévenir par le
chemin
du moulin. Les gens l'ont aussi reconnue à Sery. Darling eut ses
chaleurs
et je l'ai conduite aux haras où elle fut saillie par "Jarville",un
trotteur
normand. Il a fallu s'y reprendre plusieurs fois.
De là naquit "Vainqueur" alezan à trois balzanes, le cheval que j'ai le
plus
monté. Je retrouvais Bernard Gosselin qui avait un trotteur et René
Ibled
un trotteur, cornard, qui venait de Lisieux. Nous nous rejoignons au
bois
saint Pierre à Pas.
J'y allais par saint Leger. Nous faisions de vraies courses au trot à
Mondicourt
sur le bord de la route nationale qui était très bon. Avec Bernard
Gosselin
nous faisions aussi des courses au galop dans la pâture du chemin de
Coigneux, "Vainqueur" était nettement plus rapide. Darling saillie aux
haras de Doulens
eut une pouliche "Gazelle". Elle avait un oeil un peu inquiétant et les
anglais
nous ont dit qu'il fallait la prendre toute jeune. On lui prenait les
pieds, la caressait montait même sur son dos. On réussit à l' atteler
mais un jour,
au piquet sur la pelouse de la maison, a-t-elle été piquée? elle se
débattit, arracha le piquet et la chaîne, partit à la charge, sauta „le
saut du loup“
et s'élança dans la percée; arrivée au bout, le chemin d'Authie est en
contrebas,
elle voulut sauter mais s'empala sur le piquet de coin.
Ma dernière monture, après mon mariage, fut "Kabile" un 1/4 de
sang,
venant du Val Vion mais très allant. J'ai fait de bonnes promenades
dans
le bois, très tôt le matin, lorsque nous venions à Bus. Antoine le
montait aussi. Il a devancé l'appel pour aller dans la cavalerie. Au
bout de 4 jours
on l'a envoyé dans les motorisés. A la guerre de 39, il était Ml des
logis,dans
les hussards avec un sabre pour arrêter les tanks!
Des officiers étaient venus à Bus pour la remonte des chevaux et
logeaient
à la maison. Je leur ai présenté (Lt Berthe) les chevaux de selle du
village.
Lorsque je suis arrivé à Vincennes pour faire mon service, la
sentinelle
m'a dit que le Lt Simon me demandait. Connais pas; lui te connais. Le
Lt
Berthe était son ami. Je fus donc versé à la remonte, où l'on
débourrait
les chevaux. J'ai ainsi dressé entre autre "Archer" qui est devenu
cheval
du général. "Indépendante" était une comédienne, blessée au garrot par
un
éclat d'obus; il était difficile de faire un tour de manège en restant
sur
son dos. J'en ai fait deux. Attelée elle était encore plus méchante,
elle
s'est cassé les dents. On a du la tuer. J'ai eu un cheval "Carnaval"
1m70,
pas commode pour faire "à terre à cheval" comme le demandait le gros
adjudant
Lemoine. L'autre adjudant n'était pas très malin. On lui a fait croire
que
son cheval préféré avait la patte cassée, grâce à un bandage sérieux.
J'ai
monté "Générale" assez difficile, elle m'a fait des pirouettes, sur le
champs
de manoeuvre et m'a ramené au quartier, à travers les spahis qui
faisaient
une fantasia dans l'autre sens. Pour les manoeuvres on m'a attribué une
petite
jument "Quine"qui avait une tendance à prendre le mors aux dents. Nous
allions
à Fontainebleau et avions passé la nuit à Lieusaint. Vol de poires,
cabarets
consignés. Quine trottinait tout le temps, c'était assommant. A Meulun
le
lieutenant me fit partir seul avec le Bg Rossi monté sur "Pharaon" un
trotteur impatient aussi. Nous avons gagné Fontainebleau en un temps
record mais le
lendemain ma jument avait un boulet énorme.
Souvenir était très difficile à ferrer. Le maréchal de St Léger
acceptait
encore de le faire. Un jour on le mit dans un "travail" et comme il se
débattait et ruait,la chaîne le blessa aux fesses. Parti avec la
charrette je suis
allé à Doulens. A midi aux "quatre fils Aymond" il ne voulut ni boire
ni
manger. Au retour j'allais prendre du "rebulet" pour les cochons. Le
chemin
était raide en descendant du moulin. Le reculement lui fit mal et il
rua terriblement
pulvérisant le devant de la voiture en petits morceaux dans ma figure.
Je
suis descendu par le derrière. Mais avant d'arriver à Bus il rua encore
et
détacha les traits. J'arrivais à le dételer et j'ai laissé la voiture
et
le harnais et je suis monté dessus en le frappant avec les rênes.
A Bus, je suis allé rechercher la voiture avec "Jolie". On l'a encore
ferré en le couchant sur le fumier, mais de guerre las on l'a vendu
pour la boucherie.
La vie à Bus
Mariés le 24 octobre 1893, mes parents s'installèrent dans la maison de
Beauquesne
achetée par les grands parents Auguste Bouthors. et Arsène Brouilly.
Ils
firent un long voyage de noces, un bon mois où les parents visités
rendaient
un grand dîner en remerciement du dîner de noces. (Fontaine le Dijon
chez
les Leon I., gastronomes).
La famille s'agrandit vite et régulièrement. Papa était faiblement
rémunéré
(un cheval "Fille de l'air " le lait et les légumes) et l'oncle Joseph
pouvait prendre la gestion du Val Vion. Il décida d'acheter une
propriété et ils
envisagèrent La Haye près de Bayencourt, plaine d'engrais, reprise plus
tard
par les Delory élèves de saint Joseph à Arras, Ebart jolie mais sans
terres
et enfin Bus à la mort de monsieur de Nampty en 1898.
Ils vécurent d'abord en châtelains, car les terres étaient louées. Ils
furent
d'ailleurs mal vus en les reprenant. "Fouet de Bouthors Jean tu n'auras
plus
mes camps" disait la propagande électorale. Papa avait une excellente
jument
"Sagitta" et il allait souvent à cheval ou en charrette à Vauchelles,au
Val
Vion, à Mondicourt. Ils visitaient aussi leurs voisins: de Witasse à
Acheux,
de Bersaucourt à Louvencourt, Bienaimé à Toutencourt, Burgeat à
Belle-Eglise.
Il chassait beaucoup avec le garde Victor Doux, à la botte ou au pour
éviter
les dégâts de lapins.
Le château manquait de confort; pas d'eau au robinet, pas
d'électricité,
pas de téléphone, pas de radio ni de télévision. On allait chercher
l'eau potable au puits prés de l'école-mairie à 45 mètres de profondeur
avec un
treuil à main et une "seille" portée à 2 avec une barre de bois
(selle?),
eau peu claire et appétissante. Pour le reste une citerne prés de la
buanderie
amassait l'eau de pluie. Une pompe à main dans l'arrière cuisine, une
pompe
à balancier à la buanderie où l'on faisait la lessive tous les six mois
du
temps de Mr de Nampty , une grosse chaudière en cuivre et des baquets.
La salle de bains était à la cave!, avec chaudière en cuivre, à bois,
une baignoire en zinc avec des robinets à têtes de cygne.
Il y avait à la cave aussi dans la partie sud, près de la chapelle,
le
chauffage à air chaud, chauffé aux grains maigres d'Anzin. Il fallait
remplir
un grand sceau que l'on versait par le dessus, grâce à un fond mobile,
en montant sur un escabeau.
Il y avait de belles chasses en battues: lapins, lièvres, bécasses,
ramiers.
Iréné le jardinier qui avait fait la guerre en Cochinchine ramassait
les lapins
dans un petit tombereau avec le poney. On faisait le tableau sur la
pelouse.
Peut être 50 ou 60 lapins, jamais de chevreuil.
On furetait aussi, surtout au près Lambert et on coltait quelquefois
pendant
des heures. On enfumait aussi les renards et les blaireaux. Je montais
sur
les ronciers et les secouais pour faire partir les lapins qui s'y
cachaient
souvent.
Malheureusement ces premières années furent tout de suite
attristées
par le décès du petit Bernard, en 1898, d'une broncho- pneumonie. Maman
avait
reconduit grand-mère Bouthors., venue aux nouvelles, jusqu'à sa
voiture.
Remontée à sa chambre aussitôt, elle le trouva mort. Puis plus terrible
encore,
fut la mort de Gabrielle, noyée dans la mare à 8 ans en septembre 1902.
Papa,
parti faire une période militaire, n'était pas là.
La culture débuta progressivement avec deux chevaux "Stella" mayennaise
noire qui mordait bien un peu et "Jolie" boulonnaise noire assez vive
qui trottait
bien. Le cheval de voiture était "Untel" un beau bai cerise, un peu
peureux.
La culture de 1900 à 191
On n'avait que des chevaux et des instruments assez rudimentaires :
herses,
binots, extirpeurs, charrue qu'il fallait soulever en bout de champs,
appelées
"fourrières". On vit apparaître le "brabant" réversible. La moisson se
faisait
à la faux "dard"; les femmes formaient des "javelles" avec deux
javelles
on faisait une botte qu'on liait avec un lien de seigle en le tordant
avec
un bout de bois "une grille"et le repassant en dessous pour le
maintenir
serré. Les bottes étaient lourdes surtout lorsqu'il y avait de l'herbe
dans
le pied. On les disposaient en "dizeaux" de dix bottes couvertes de
deux
ou trois bottes, contre la pluie. Lorsque les bottes étaient sèches, on
les
enlevait avec des chariots pour les rentrer dans les granges par des
lucarnes
peu larges et il fallait plusieurs personnes à plusieurs étages pour
remplir
la grande grange, haute, longue et étroite. On se servait de fourches à
2
dents plus ou moins longues selon les possibilités.
Dans l'aire de la grange on battait le seigle, en cadence, avec des
"fléaux":
un cylindre de bois relié à un manche par des courroies formant anneaux.
En peignant on obtenait le "gli" bien régulier; avec 2 glis reliés par
un
bout,on obtenait un lien ou "loyeu".
Pour le foin, après fauchage, on formait de petits "cahots" en forme de
cônes,
après quelques jours, on prenait 2 cahots pour faire une botte. On
faisait
surtout du trèfle et de la luzerne.
L'ouverture de la chasse au bois
à Nielle
Georges et Colette Quinson de la Hennerie recevaient d'une façon
charmante
pour l'ouverture qui se faisait début novembre. On s'y rendait avec
empressement.
Les circonstances atmosphériques étaient très variables, parfois temps
splendide
ensoleillé, parfois du verglas, parfois de la tempête et des averses où
l'on croyait recevoir la mer tant elles étaient formidables. On était
trempé en
cinq minutes et il fallait emporter de quoi se changer pour le dîner du
soir.
Parfois il y avait beaucoup de brouillard et de bécasses. Andrée
m'accompagnait
souvent et nous passions par Beaurepaire pour faire la route avec les
Antoine,
par Saint Pol, Fruges, Fauquembergue et Nielles, les collines du
boulonnais.
Nielles est un joli petit village niché dans la vallée du Bléquin, à mi
côte
au nord une belle église avec un clocher en pierre, à côté la demeure
de
Quinson avec un joli parc et de Nielles. Il y avait pas mal de bécasses
par
temps de brouillard.
On partait en chasse vers 11 heures en passant par le parc et la gare.
On
grimpait se placer dans les layons qui suivaient des lignes de niveaux
et
d'autres les lignes de plus grande pente. On entourait des rectangles
successifs
et les traqueurs étaient guidés par Jacques et Antoine aidés de leurs
chiens
qui débusquaient lapins et lièvres.
Georges dirigeait la chasse à la trompe et il n'y eut pas d'accidents
bien
que la pente rendait la chasse dangereuse surtout pour les chasseurs du
bas
de la traque. Les traqueurs criaient: tia, tia, tia..
Vers 1 heure, on mangeait un sandwich et du café et des pommes, à la
colonne
avec sa statue de la vierge et une jolie vue sur Nielles.
Après on gagnait la ferme du haut du bois en auto et on y fit le casse
croûte;
c'était beaucoup moins fatigant. On terminait la chasse par le parc et
il faisait assez sombre et c'est ainsi que René (qui avait un zona à
l'oeil)
en tirant un lièvre flingua le vieux garde dans les fesses. La blessure
se
termina bien quoique le garde eut un teint très coloré. René en fut
très frappé.
On faisait le tableau et les lots dans le pavillon en face de la
maison.
Une fois Bernard Gosselin qui avait tué 4 ou 5 bécasses n'en eut pas
dans
son lot. Il était très dépité car lorsqu'il y en a peu elle va au
tireur.
J'ai vu jusqu'à 9 bécasses devant moi. Je n'ai tiré qu'un chevreuil que
j'ai
manqué sur la ligne de chemin de fer, trop loin.
Tout le monde allait se changer pour le dîner dans la grande salle avec
sa
grande cheminée de marbre et ses blasons. (La cuisine était garnie de
blasons
en faïence de Dèvres).
Le dîner toujours excellent, bien arrosé (on ne parlait pas du ballon)
et
très gai. On passait au salon où l'on disait de bonnes histoires,
surtout
Mr Millon que je mettais en route avec les miennes.
Les retours parfois pénibles. On partait vers 11 heures du soir bien
réchauffés
et excités.
Par un brouillard intense, Bernard G., Louis H. et moi partîmes pour
Ribécourt
pour la battue du lendemain au bois Couillet. On se suivait à trois
voitures,
ne voyant presque rien. J'étais le dernier, c'était plus facile.
Cependant
à 2 heures du matin nous nous sommes arrêtés un quart d'heure devant la
gare
d'Arras pour nous reposer les yeux et les épaules douloureuses. Après
Cambrai
nous sommes arrêtés par des douaniers qui se précipitent sur moi avec
leurs
mitraillettes. J'ai du montrer mes papiers et mon fusil qui portait la
marque
"Belgique". Enfin ils me laissent repartir mais les autres étaient
partis
sans m'attendre. La route bordait le canal et le brouillard terrible.
Ils m'ont attendu et je les ai enfin rejoints.
Une autre fois c'était le verglas et nous avons monté péniblement
la
côte de Fauquembergue longue et forte. La route heureusement sablée.
Une autre fois avec Andrée, le brouillard était si fort que nous ne
devinions
la route que par les grands arbres bordant la route vers Nuncq. Des
chariots
de betterave étaient arrêtés au bord de la route. Une autre fois je
n'avais
plus assez d'essence et nous trouvions les pompes fermées. A Doulens
j'ai
réveillé Neuville qui m'en a donnée et m'a indiqué une pompe ouverte au
pont
de l'Authie. Elle n'en avait plus et il y avait des romanichels. Enfin,
nous
avons pu gagner Beaurepaire, ouf.
Mes fusils
1919-Fusil de Mr R. à chiens, à percussion centrale, jaspé, calibre 16.
Beaucoup
de gibier, 1ère ouverture après la guerre. Je ne rentre aux Mines qu'en
novembre.
Très bon groupement: 5 perdrix en 2 coups au plan du château. 5 perdrix
en
battue au chemin de Coin près d'un silo pour Mr Haulin malgré un
bandeau
sur l'oeil.
1920-J'ai acheté chez une femme armurier rue le Belleu à Douai un 20
mauvais
groupement malgré une feuille de garantie.
1929-Après essai à la plaque au stand Boudier à Amiens je l'ai changé
contre
un 20, superposé, Patrick à canons séparés. Il me va très bien. Doublé
à
Beaucamps dès le début. Bon en battue. Volé par Lecomte à Montagne en
1940,
laissé près de la cheminée avec chevrotines contre les parachutistes!!
1945-J'ai racheté le fusil de Timy parti au Liban. C'était un très beau
superposé
calibre 16 à éjecteur automatique, avec culasse en acier gravée, très
bien
équilibré. J'ai très bien tiré avec.
1980-Je l'ai donné à Michel, ne chassant plus. En 1972 j'ai fait 10
perdrix
en battue à Foufflin, presque toutes du 1er coup (1/2 du tableau). Ce
fusil
avait été caché sur une poutre de la tour de la Rochette pendant la
guerre.
Chasse au sanglier
1919- Je n'ai tiré et tué qu'un sanglier. L'hiver 1919 il y avait des
passages
de sangliers venant des Ardennes. Avec les chasseurs du village
certains
pas rassurés, d'autres maladroits (Mr Joly) on faisait des battues.
C'est
ainsi que par la neige j'ai tué mon sanglier, 60 kg environ, qui
fonçait sur
moi au haut du rideau du fond de la Martante. Gaston Molliens était à
ma
gauche, à découvert et l'on m'avait dit de ne pas tirer dans la tête
par
crainte des ricochets des chevrotines. A 20 mètres il a obliqué vers la
gauche
et je l'ai tiré au défaut de l'épaule. Il a culbuté comme un lapin,
mais
il s'est redressé fonçant sur moi; je lui ai envoyé mon second coup en
plein
coeur à 2 mètres ; (voir photo avec Agnès).
A cheval sur Vainqueur j'en ai levé une bande dans la neige près
des
tranchées du bois d'Authieu et l'ai chassée vers Bus et suis parti
prévenir
les chasseurs, Carette en a tué un, papa en a tiré un aussi. Ayant
contourné
le bois je les avais empêché de partir vers Coigneux.
Je n'en ai plus tiré d'autre bien qu'invité à des chasses où il y en
avait.
Vu un gros au bois de Contay, Mr de Witasse m'a dit de ne pas tirer à
cause
des traqueurs; Au bois du Warembaumont et à Taisnil il y en avait
souvent
(rien tiré à la place à cochons).
Marcel Bouillet en a fait un doublé plus un troisième bloqué contre le
grillage
vers Beaulieu. Avec Vagniez nous en avons vu un gros mais ne pouvions
tirer
à cause des chasseurs en fin de traque, au bois d'Ailly on en vu
plusieurs
fois et tué quelques uns. A Carnoy Edmond allant aux ramiers a vu un
sanglier dans le petit bois. Il est allé chez lui chercher des balles
et l'a tué.
Nous avons mangé le foie, délicieux.
Chasse au chevreuil
A Bus, on voyait quelque fois des jeunes sur la pelouse dans le
parc
au printemps, mais on n'en n'a jamais vu pendant la chasse. J'ai manqué
mon
1er en cul au bois de Contay, un autre à Nielles à la ligne de chemin
de
fer, un au bois d'Ailly (mon dernier).
J'en ai tué 2 au Warembeaumont dont un en doublé avec une bécasse,
assis
et bourrant ma pipe!
J'ai tué un beau brocard au bois d'Ailly (mon dernier); au total: 3
tués, 3 manqués.
Nos autos
Novembre 1924, retour de voyage de noces nous avons acheté 1200 francs
une
Citroën sport torpédo au magasin d'exposition Citroën avenue des champs
Elysée.
En voiture découverte, Andrée coiffée de ses aigrettes nous sommes
partis
pour Château Thierry N'ayant pas conduit depuis mon permis en 1920, je
me
suis fait conduire jusqu'à Pantin.
Phares électriques, trompe à main,démarrage à main, pas de chauffage.
Il
faisait frisquet. Démarrage en côte à Château Thierry, Renée C. nous a
appris,
cale en bois. L'hiver par la gelée je garais chez Vanherdrick et vidais
mon radiateur. Avec Andrée elles sont parties à la gare sans eau à la
gare, la
voiture a chauffé.
Elle marchait bien mais à grande vitesse 70 Km à l'heure les ressorts
de
soupape cassaient souvent. J'en emportais avec du fil de fer et
arrivais
à réparer à Bézu à notre départ pour Beauquesne. Après le déjeuner nous
nous
sommes endormis dans le salon. (J'avais joué 169 jeux de tennis à
Soisson,
aller et retour Château Thiery à minuit,départ à 8h du matin). Nous
fîmes bien des voyages à Lille, routes pavées de Mons en Pélevé et
Douai chez les
Mamet et Tierny. Enfin en 1926 nous avons eu un accident à
Faches-Wattignies
et Andrée a eu le nez coupé par des éclats de pare-brise alors encore
en
verre. Heureusement un Mr Remy nous a conduit à la clinique à 50 mètres
et
on a recousu Andrée et fait des points de suture. Antoinette Marthner
et
moi nous n' avions rien eu. Après notre culbute , sur le moment,on ne
trouvait plus Antoinette..
La priorité venait de changer et j'ai refusé la priorité à une GM
venant
de la droite qui a accéléré au lieu de freiner. J'ai essayé de l'éviter
mais
elle m'a poussé jusqu'au trottoir d'où la culbute. Pas très abîmée je
l'ai
vendue à un garagiste d'Hénin-Liétard qui m'a fourni une B12 pas
fameuse, torpédo quatre places décapotable. Nous sommes allés en
Bretagne avec papa
et maman: Mortain, Fougére,...retour par Embleuteuse.
Un jour en revenanttde Bus nous avons coulé une bielle au bac du sud et
pris
le train pour Arras, couché chez tante Thérèse.
En 1928, j'ai acheté une B14 marron limousine avec malle arrière et un
frein Westinghouse presque trop puissant. Nous l'avions rue Dhavernas à
la mort
de père (5 août 1933) puis rue de la liberté. En 1929 venant à Amiens
pour
chercher un logement, nous avons dérapé sur le verglas à la Bellevue
route bombée
La 11 normale Citroën 1472 XP 4
Après avoir eu une 7cv trop petite avec un coffre ne s'ouvrant que de
l'intérieur,
nous avons acheté par Aubert et Martelet rue Leprince la 11 normale du
pharmacien
Bouchez pour 15000 francs, elle avait 15000 km et son fils voulait une
15cv,
mais pas son père. Il reprit une 11 normale, avec chauffage (un simple
tube
amenant l'air chaud du radiateur).
Nous avons mis un fixe au toit à ventouses qui bougeait un peu et que
j'ai
fait renforcé par des tendeurs à vis sur les gouttières. Nous pouvions
ainsi
avoir un gros ballot pour le camping, protégé par un tapis de sol.
Je l'ai revendu 150000 francs après la guerre à un cultivateur de Saint
Riquier.
C'est avec elle que je suis allé chercher Agnès à Couin, par un fort
orage,
deux jours avant la naissance d'Yvon. Celui ci avait 2 jours quand nous
avons
été avisés d'évacuer au plus vite. J'ai pu avoir de l'essence chez
Ternisien
à Moliens-Vidame., par Abancourt, Pont de l'arche (avion au dessus du
pont),
nous avons pu gagner Le Neubourg où on a soigné Agnès à l'hôpital. Nous
avons
été bien reçus par les habitants pour la nuit. Il y avait des anglais
qui
ont donné des pièces de monnaie à René qui avait su dire les couleurs
en
anglais: yellow, purple etc... Nous avons retrouvé les Raviart à St
Aubin. Béatrix conduisait la B2 de Bus achetée peu avant. Ceci valut
une belle claque
à Jean, à Camps en Amienois, qui avait empêché d'aller dans le fossé
dans
un virage près de Lyons la forêt où nous avions les I. et Lefèvre.
On nous a loué une villa Ozanam, assez cher. On a voulu rappeler
les
hommes même ceux libérés comme moi de toute obligation militaire.
J'étais
désespéré d'être séparé des miens. Nous étions convoqués à la
préfecture
de Caen, debout, des heures par une chaleur torride. Le docteur Boutin
d'Argenton
m'a envoyé un télégramme disant que j'avais une place à l'usine Gnome
et
Rhône en construction. Nous avons gagné Mayenne où j'ai crevé. Cela a
été très dur car la voiture était très chargée. Nous avons couché au
bord de
la Loire. Les vitesses sautaient de 3ème en 2ème dés que j'accélérais
et
j'ai du conduire d'une main l'autre tenant le levier de vitesses. Enfin
Argenton.
Au garage ils m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas s'en occuper mais qu'il
fallait
changer le "synchromesch" que je trouverai à Châteauroux où je suis
allé. Au retour ils m'ont donné des clefs et indiqué ce qu'il fallait
faire. Accompagné
de Jean j'y suis arrivé. On voyait les avions italiens qui bombardaient
la
ville ouverte. On voyait les ombres des avions au dessus du garage. On
a
gagné "La ville aux geais" à 10 Km.
L'armistice est arrivée. Après le 15 août 1940 nous avons pu
repartir
pour Amiens, passer la ligne de démarcation à St Aignan et coucher à
Bonneval.
Pendant la drôle de guerre, avant le 10 mai 1940, les ailes étaient
peintes
en blanc et les phares munis de capot , avec fente horizontale.
Nous avons passés la Seine sur un pont de bateaux à Bonnières, usine
Singer.
A Poix nous avons vu les premières démolitions. A Montagne nous sommes
arrivés
au moment où les allemands venaient déménager notre mobilier. Il était
moins
une.
Nommé agent à Abbeville, je n'avais pas de laisser passer pour passer
la
ligne de la Somme. j'ai laissé la voiture sur la rive gauche chez
Crépin,
et nous avons passé à pied la passerelle des six moulins et avons gagné
la maison Trancart au "petit marais". Ils nous ont reçus très
aimablement et
loué la petite maison Trancart tout près. J'avais changé le moteur pour
47000
francs avant 39. Lorsqu'on m'a supprimé mon SP à Amiens, je l'ai cachée
sous
un tas de vielles motos chez Passet à St Acheul.
Je l'ai revendue à un cultivateur de St Riquier et remplacée par la
Frégate
Frégate amiral 525 BN 8
Citroën ne faisant toujours que le même modèle et la même couleur
(noire)
je me suis décidé pour une Renault. Avant elles avaient un mauvais
freinage.
La frégate, modèle luxe amiral, gris bleu avec pneus flancs blancs
était
très jolie et spacieuse pour la famille et le camping. Françoise-Pierre
venue
l'essayer était en admiration lorsqu'on l'apercevait dans les vitrines
des
magasins. Avec le fixe au toit nous avions un gros ballot avec le
matériel de camping.
Elle nous mena à Biarritz, chambre d'amour, Santander, Sarragosse, la
côte,
le Perthus, Vasperviller, Munich, Saltzbourg, lac d'Unterrech avec les
Jean,
Innsbruck, le Brenner, col de l'Arlberg (le moteur a chauffé),
Linstenstein, Feldkirk, la Suisse, chutes du Rhin, chez les Verlaine au
Lavendou, camp
du domaine, Des aviateurs canadiens nous ont vendu des vestes de cuir,
en
Kangourou(?), au Luc. Ils venaient d'être démobilisés à Salon et
voulaient
de l'argent pour aller à Monte-Carlo.
Nous avons du changer de compteur à 85000 Km; Geudet ayant fait la
vidange
du moteur entartré, n'a pas remis d'eau et nous avons chauffé à Sains
et
il a fallu changer le moteur à Beauval chez Binelli en revenant de la
pêche
à Authieule , à 200000 Km elle n'avait jamais usé d'huile entre les
vidanges.
J'ai eu des ennuis de soupapes en montant la côte des gorges de
l'Ardèche.
Mal réparée à Billom, j'ai du m'arrêter entre Clermont et Moulin.
Instantanément
le mécanicien a trouvé la panne de culbuteur et les a réglés; Il a
essayé
la voiture à 120 Kh devant les gendarmes et nous.
Gueudet me l'a reprise 75000 francs pour acheter une R 10, beaucoup
moins coûteuse en pneus et essence. A l'essai avec Geudet au bois
d'Allonville,
elle faisait 140 Kh sur la route en tôle ondulée. J'appréciais beaucoup
l'accoudoir
central. Très bonne tenue de route. En campant en forêt de
Fontainebleau
à Barbizon René en reculant lui a fait un gnon à l'aile avant droite
R 10
Grise métallisée , à moteur arrière, coffre à l'avant grand et plat
où
je pouvais mettre en diagonale mes deux canes à mouche repliées. Très
légère
à conduire, mais sensible au vent latéral.
Très nerveuse, elle démarrait sur las chapeaux de roues aux feux verts,
montait
très bien les côtes sans chauffer: Petit St Bernard, col de l'iseran
2300
m, tunnel du mont Blanc, Courchevel. Avec Marcel D. en allant au
....... nous
avons atteint 150 Kh vers Issoire. Un peu plus loin virage dangereux à
40
Kh, j'ai freiné à mort et tout s'est bien passé; montée du Lioran à 100
Kh. Elle a fait l'Italie, lacs majeur et d'Iseo, par Ivrea. Dominique
et Michel
sont allés à Andorre, Mont Louis, Cannes et les Contamines: 7.000 Km en
8
jours.
A 138000 Km sans révision , dynamo fichue. Revendue 75000 f elle a été
revendue 150000 f le lendemain par Gueudet
R 5 TL: 8443 QM 8
Traction avant, marron métallisée, ceintures à enrouleurs, protection
contre
la rouille, elle a été payée environ 2 millions de centimes en 1975 et
revendue 800000 f à Jojo pour Hélène. En 80 elle avait 35000 KM. Elle
nous servait
surtout pour aller à Beaune, la Garde, Oisemont, Abbeville, Bus.
La banquette arrière se baissait et faisait un grand coffre accessible
par
la porte arrière. C'était très pratique lorsque nous partions pour 2
mois à La Garde: batterie de cuisine etc..
Comme ennuis je n'ai eu qu'un cardan à remplacer ayant forcé dans une
ornière
dans le mauvais chemin de La Garde.
Par ailleurs, on m'a volé ma roue de secours neuve qui ne m'a jamais
servie. Est-ce au garage, à Beaune, à Digoin, à La Garde??
Nos bicyclettes
La première que je connus fut celle de papa, une "Stock" d'Hurtin à
Albert;
Elle était très grande et très lourde (15 kg) à pignon fixe, un seul
développement
(7m20) un seul frein à patin de caoutchouc sur la roue avant. Aussi
quand
on freinait trop brutalement on faisait la culbute par dessus le
guidon;
Nous ne pouvions monter dessus que sans selle et avec un coussin sur le
cadre;
Pierre le plus grand arrivait à s'en servir.
J'ai connu le "grand bi" chez Mr Bourgeois à Authie. Il y en avait
deux,
l'un de 1m50 avec bandage en fer, l'autre avec une roue de 2m avec
bandage
en caoutchouc plein; Nous en faisions dans la rue du village. Il
fallait
monter sur une borne pour arriver sur la selle ou gravir les
marchepieds
en courant, c'était difficile pour s'arrêter aussi; Il n'y avait pas de
chaîne,
on actionnait directement la roue avec les pédales.
-1910. J'eus ma première bicyclette en récompense pour une très bonne
6ème
à St Joseph. C'était une "Rolland" sous marque de Heurtin à Albert
achetée 315 francs chez Choquet à Arquèves.
-1921. Aux mines, à Paris, j'avais un demi-course orange Thomann avec
lequel
j'allais le soir ou le dimanche jouer au tennis au Stade français à
Saint
Cloud.En en revenant boulevard des Invalides j,ai dérapé sur la
chaussée
mouillée et suis tombé. Un taxi qui me suivait m'évita de justesse et
il
me passa quand même sur mes cheveux; je l'avais échappé belle.
Pendant les vacances avec Marcel, nous avons refait le chemin de
l'évacuation
de 1914 en Normandie par le Val Vion, Citernes, Sery, Neufchâtel,
Rouen, Bourgtheroulde
(fête), coucher à la belle étoile , Brionne, Lisieux, St Julien le
Faucon,
St Pierre sur Dive et Louvagny. Nous avons retrouvé les de Postel et
leurs
enfants Alexandre, Henri et Marie Louise qui mourra au Carmel de
Lisieux.
Après mon mariage , j'ai acheté à Château Thiery mon vélo course bleu à
jantes
en bois et boyaux, un vélo rouge pour Jean et un petit vélo vert pour
Pierre.
Nous avons fait beaucoup de promenades autour de Ch Thiery avec les
Vellard
et les Rolet. Par la femme d'Elie, Madeleine , nous avons eu une
bicyclette
à catène, sans chaîne, transmission par pignons d'engrenages coniques.
Dans le grenier au dessus de la cuisine nous la mettions à la
renverse
et faisions tourner notre dynamo jouet au moyen d'une ficelle passant
sur
la jante dépourvue de pneu. Avec des ampoules de lampes de poche , un
interrupteur
et une ligne téléphonique nous communiquions en morse avec la maison en
planche,
dans les arbres, à l'entrée de la cour à bois. Béatrix a acheté un vélo
2f
à une polonaise (en état de marche?). A Château Thiery, j'ai même fait
faire
100 km à Pierre avec son petit vélo vert. Nous avons déjeuné en plein
air
et Pierre était très malheureux car il y avait beaucoup de guêpes. Trop
fatigué,
j'ai du le pousser à la fin et le lendemain il fut souffrant.
Camping
-1935. Un an avant 1936, les congés payés, nous avons acheté aux
Nouvelles
Galeries une petite tante canadienne très légère, à double toit, deux
mats
en bambou, tenant peu de place; une petite ménagère en aluminium forme
diabolo
contenant un réchaud à alcool ou au méta, deux casseroles à manches
amovibles, deux matelas pneu gonflables à la bouche ou avec un petit
gonfleur à main
et trois duvets. Une valise en alu pour mettre l'indispensable pour la
cuisine
et les repas.
A la pentecôte, nous avons fait un essai. (Bernard, Andrée, Jean,
Nenette
et Pierre). Notre première nuit nous avons dormi, plus ou moins bien,
dans
un bois près de N D de la Grâce à Honfleur. De là, nous avons gagné St
Nicolas
de la Haye, chez Mr Candelier que papa avait bien connu à Lillebonne,
mais
il était chez Mr Foydimare, boucher au Havre son parent. Nous avons
installé
notre tente dans un triangle de gazon entre les pâtures entourées de
ronces.
Le lendemain matin, nous avons été très étonnés d'être près de vaches
et
d'un ..taureau. Deux couchaient dans la voiture 7 CV.
Camping 1948
A 7, Andrée, Bernard, Pierre reçu à l'X, Marcel reçu en philo,
René,
Béatrix et Michel 2 ans et demi. Monique restée à Valloires
(coqueluche)
et son manteau de fourrure blanc.
Samedi 24-7-48 départ 10 h 1/2.
Campé à Fontainebleau à l'hippodrome de la Salle, maison forestière,
par
Compiègne, Crépy, Meaux, Melun.
Le 25-7-48 messe à Fontainebleau, nous avons visité parc et château, la
promenade
dans les rochers, la roche branlante, la fontaine sanguinède. Au clair
de
lune, avions de nombreuses chèvres.
Le 26-7-48 par Montargis, La Charité, Nevers, Moulins, nous avons campé
à
la sortie de Ste Yorre (pré ou pacage).
Le 27-7-48 visite de Thiers, couteau à 100 lames, belle vue. Nous avons
campé à la Garde sous les tilleuls. Pierre reste à la Garde.
Le 28-7-48, le mercredi, départ à 15 H vers le Puy, bain dans la Dore,
fourmis),
visite de La Chaise Dieu, belle montée dans les sapins. A Sambadel,
nous
avons campé dans une forêt de sapins, villas suédoises et belle église
à
St Paulin.
Le 29-7-48, Le Puy chez les Piot. (8 rue Crozatier et 13 rue de la
rouzade)
avec Monique, Anne, François, Béatrice. Visité la cathédrale, la
chapelle
des pénitents (on n'accepte pas 5 f), monté à la Vierge après la pluie
à
16 h, visité le cloître, dîné chez tante Germaine, couché à l'hôtel du
Parc
300 f, chambre à 2 grands lits et garage, visité le beau parc, belle
montée
dans les sapins à Fix.
Le 30-7-48. Il y avait la foire à St Georges, beaucoup de monde qui ne
bouge
pas. Vieux pont de Villefranche d'Allier, montée très dure sur "la
Rochette":
un rocher dangereux et le tournant des boeufs très dur, en 1ère, tous
étaient
descendus sauf Michel et moi. Nous avons couché au dessus de la salle,
Marcel
et René dans la tour, à côté du salon; vu le terrier de 1784.
Le 31-7-48; Départ à 9h pour "Salesse", par Brioude, les gorges de
l'Allagnon,
Murat, Le Lioran, pique nique dans les sapins, Aurillac, à Noucelles
visite
à Raoul Léturgie, à Cauterunes visite à la Vicomtesse de la Rochette et
à
Mme Lafarge. Nous avons eu des difficultés pour remonter à St
Christophe,
remontées d'huile après une descente en 2ème à St Martin Cantales. Il
est
8h du soir les autres poussaient la voiture et mettaient une cale.
Nous allons trop loin au Reynal (aucune indication), faisons demi
tour
et atterrissons près d'une ferme à 21h30; on nous dit notre erreur;
Nous
décidons de camper sur une petite place herbue à côté de la ferme. Nous
montons
les tentes et dînons dans l'obscurité.
Le 1-8-48, à notre réveil, nous entendons beaucoup de gens et des
bruits
de pots de lait. Ils disent: c'est des soldats? non, c'est des civils.
C'était
le lieu de ramassage du lait pour plusieurs fermes isolées. A 11h1/2,
après
la messe à St Christophe (beau tabernacle en forme de vase), nous
arrivons
à Salesse par chemin creux, étroit, entouré de haies où il est
impossible
de doubler. C'était le baptême du fils du fermier, Robert, grand
déjeuner
dont nous avons profité : oeufs à la neige,tarte, pain blanc, dix
truites,
du café.
Le 2-8-48, promenade avec Andrée à la Maronne, remontée à pic.
Le 3-8-48, achats à Pleaux (cloche à vache), pêche, mordillements.
Le 4-8-48, pluie la nuit et toute la matinée, nous avions déposé des
bons
d'essence à St Cernin.
Camping en Autriche 1952
Nous avons campé à Vasperviller avec les "Jean" qui avaient une tante
Raclet:
Jean, Françoise, Bruno. nous avons passé le Rhin à Neubrissac et par
Fribourg
et la forêt noire avons campé au bord du lac de Tïtisee, très humide et
Bruno
a eu très peur d'un homme déguisé en ours blanc. Nous sommes passés à
Munich,
après les sources du Danube à Donaushingen et près de Sigmaringen où
ont
été emmenés Pétain, Laval etc... Nous sommes passés à Salsbourg, mais
pas
au concert beaucoup trop cher. Cette région est pleine de lacs. Au 1er
lac
impossible de camper à cause de l'eau due aux orages très fréquents. A
l'hôtel,
ancien palais archiducal, on nous a trouvé 2 chambres avec petit
déjeuner.
Une était près d'un boucher et cela sentait très mauvais. Nous avons vu
un joli petit lac .....lieu de naissance de Mozart. Enfin, nous avons
campé
à Wuterach à côté du lac très humide. Une grosse Mercédes n'a pu rester
et
est partie pour l'Italie camper chez un prince! On se baignait dans le
lac
où arrivait une petite rivière. Il y avait des branches et c'était
dangereux.
Un ménage de Thionville venait de Suisse et avait promis d'être
prudent
dans les ascensions. Ne sachant pas nager le mari avait un masque et un
tuyau
et il s'est noyé. Beaucoup ont plongé pour le retrouver sans succès et
les gendarmes sont venus avec des barques et des crochets. Il est
remonté huit
jours après et je suis allé cherché les parents à la gare de Saltzbourg
et
Jean a soigné la femme qui avait déjà une mauvaise santé.
Les orages étaient fréquents et violents et subits.
Nous avons gagné Insbruck où nous avons campé, après avoir suivi la
vallée
de la Salsach et un col où Andreas Hofer a battu Napoléon. Il a son
mausolée
à la Hofburg. Insbruck est une jolie ville avec le palais de la Hofburg
et
musique en plein air très souvent. J'ai loué une journée de pêche dans
le
Tyrol et ses maisons peintes. Il a plu très fort et je n'ai rien pris.
Camping en Espagne
Nous sommes allés voir Mathilde L. ( Mme P... ) à Anglet près de
Bayonne,
que nous avons visité : cathédrale, cloître, rues étroites où nous
tournions
en montant sur les bornes avec la 1472 XP 4 (11 normale). Nous avons
campé
à "la chambre d'amour" près de Biarritz et visité Biarritz, grands
hôtels, côte rocheuse avec le roc de la vierge et mangé beaucoup de
glaces (Andrée
Michel étaient de vraies armoires à glace). Longeant la côte d'argent
nous
avons campé à Soccoa au dessous de saint Jean de Luz avec vue sur la
mer
et le port; à saint Jean de Luz monde fou, difficile de trouver une
place
pour s'asseoir sur la plage. Par Hendaye (frontière) à Irun nous sommes
arrivés
à San Sébastien (ville chic) et avons déjeuné à Dève (restaurant sur la
mer).
Par Guernica ville martyre nous avons gagné Santillana où il y a une
abbaye
avec un joli cloître plein de verdure (diapositive) des rues pavées et
des
maisons avec balcons de bois; palais de Schartzemberg où le gardien m'a
proposé
de coucher avec Monique qu'il a prise pour ma petite amie. Nous avons
campé
à Santander avant d' aller à Altamira. Le camp était sur la falaise,
très exposé au vent mais belle vue sur la mer. Entrée monumentale et
magasins
sur place.
A Santander, belle ville, avec promenade en carrelage imitant les
vagues
et de magnifiques massifs avec très beaux ..... Nous sommes allés a un
spectacle de danses très belles, heureusement avec une bâche car on a
eu une très forte
ondée.
De là nous avons gagné Altamira avec des grottes préhistoriques aux
plafonds
des bisons sculptés que l'on admire en se mettant sur le dos. Nous
avons
ensuite visité Burgos, sa cathédrale et gagné Soria ville ancienne et
les
grooms se sont précipités sur notre voiture pour avoir notre clientèle.
Repas
avec cinq petites côtelettes (de chèvre?).
Le soir toute la population est au jardin public bien éclairé et nous
avons
mangé des petits geux, pâtés etc...on jette les papiers par terre, et
l'on
dîne et déjeune très tard (22 heures du soir et 15 heures).
Nous avons suivi l'Ebre et nous n'avions plus guère d'essence et
les
pompes sont très rares. Le pays est plutôt désertique. Nous avons gagné
Sarragosse
où l'entrée du camping, piscines tennis est splendide avec 200 mètres
de
lauriers roses et blancs.
Il faisait une chaleur terrible. Nous y avons campé et pris force
douches
et bains. Toute la société de Sarragosse s'y retrouve pour déjeuner et
se
baigner. Les espagnols bruns aux yeux bleus faisaient du plat à Béatrix
et
Monique qui ont même été invitées à passer la nuit chez eux. On a
visité
des églises: ND del Pilar... et un monument romain.
De là nous avons gagné la costa del sol, jolie avec beaucoup de petites
plages,
camping en terrasses. Par Figuéras nous avons regagné la France,
bonbons
prima! par Port Bou, plein de virages.
Les batailles de la Somme
Les pèlerins irlandais et saxons remontent la Somme et fondent Péronne
et
Abbeville;
De 835 à 925, 17 invasions Vicking.
En 881 ensemble de la Picardie
Victoire de Louis III près de Sancourt. En 923 l'ordre se rétablit.
1336, guerre de 100 ans. 1339 Edouard III par Anvers arrive à St
Quentin;
Le 12 juillet débarquement à St Vast la Hougue, il passe la Seine à
Poissy,
les amiénois sont battus près de St Just. Le 22 août il est à Airaines,
le
23 à Oisemont, le 24 au gué de Blanquetagne, le 26 août bataille de
Crécy.
En mai 1358, la jacquerie
1415, Azincourt (Henri V)
1420, traité de Troyes, la Picardie est octroyée aux bourguignons
1429, Jeanne d'Arc.
Les villes de la Somme sont rachetées par Louis XI en 1463 suite au
traité
d'Arras de 1435: 400000 écus d'or; il dut les rendre en 1465 (Péronne).
1470, les troupes royales reprennent Amiens et St Quentin, Montdidier,
Corbie, St Riquier, Roye, Doulens, St Valery, Cayeux furent détruites
sur ordre de
Louis XI " terre brûlée "
1475, traité de Picquigny: fin de la guerre de 100 ans.
1477, mort du Téméraire.
1522, les impériaux font le siège de Doulens.
1525, Pavie, François 1er prisonnier cède en 1529 les villes de la
Somme.
1536, Péronne résiste au comte de Nassau et 60000 hommes.
1559, traité de Cateau Cambrésis, Henri II, guerre de religion
Le 11-2-1595 Henri IV déclare la guerre à l'Espagne.
Le 14-7-1595 Fuentes attaque Doulens
Le 14-7-1595 le duc de Bouillon, l'amiral de Villard, ST Pol
participent à
la bataille de Huslen. Fuite vers Beauquesne. De Picquigny le duc de
Nevers
revient à Beauquesne et attaque un corps ennemi à Authie.
Les 10/11-3-1597 prise d'Amiens avec noix et pommes. Henri IV vient à
Beauquesne.
Le 2 septembre reprise d'Amiens. Le 19 octobre il est à Beauval.
Juillet 1635 guerre de 30 ans, calamité sous Louis XIII et Richelieu,
avec le duc de Chaulnes attaque de Pas en Artois
Août 1635 le comte de Fressin réduit le Ponthieu en cendres. En
septembre 1635 des divisions sont cantonnées à Authie, Bienvilers,
Hébuterne, attaque
de Beauquesne, Grandmaison, Thièves, Marieux, Arquèves, Louvencourt,
Varennes, Vauchelles et Pas.
15-8-1636 prise de Corbie, terrible année, on s'acharne sur les ruines:
Mons,
Montrelet, Miaquaire disparaissent. Pestes de 1639 à 1658 de nombreuses
troupes dévastent tout.
Bataille de la Somme
1er juillet à novembre 1916
Il y avait 36 divisions anglaises et 40 divisions française. Une
attaque
est décidée en octobre 1915 contre Maubeuge.
Le 21-2-1916 les allemands attaquent à Verdun. Les anglais tiennent
de
Gommécourt à Maricourt, les français de Maricourt à Foncancourt.
Du 1er au 10 juillet, en gare de Bôves on compte 72000 blessés graves
dirigés vers 13 hôpitaux. 90000 obus par jour. Du 26 au 30 juin des gaz
et une avalanche
d'acier. Le 15 septembre 1916 première bataille de chars, 49 tanks
anglais
enlèvent 10 km de tranchées sur 2 km vers Rosière. Il y en avait au
bois de
Sériel.
Le 10 novembre prise de Thiepval. Sont morts 400000 anglais, 200000
français
et 300000 allemands, au total: 900000.
Joffre est remplacé par Nivelle!!
Bataille de Picardie en 1918
Le 21 Mars Ludendorf attaque avec 59 divisions 30 divisions anglaises.
Le 25 entre Roye et Estrée vide de 20 km.
Le 26 Mars à Doulens Foch est commandant en chef, encore des attaques
le
8 avril et le 25 avril à Moreuil et Villers Bretonneux, les allemands
ont
progressé de 52 km. Du 9 au 12 juin attaque dans la vallée du Matz(?)
repoussée
par des chars lourds dont 70% sont détruits, plateau de Marq, Liétaule.
Le 8 août, jour de deuil de l'armée allemande (Luddendorf), les
anglais,
avec 456 tanks attaquent entre Albert et Mareuil avec l'aviation.
Le 21 août attaque de Thiepval, le 27 à Fricourt, les Allemands ont eu
200000
victimes 34000 prisonniers.
Pêche dans l'Avre 1961 à 1971
" Au bord de l'eau " de Mr Houllier de Harless m'a incité à aller
pêcher
la vaudoise, à la mouche dans l'Arve. Ce n'était pas loin d'Amiens
entre
Moreuil Castel et Hailles. J'y suis allé souvent et avec Mr Riolot. Un
jour
je me suis enfoncé un hameçon dans le pouce et Michel me l'a enlevé,
rentré
à Amiens.
Il y avait beaucoup de vaudoises, de perches, de blancs et j'y ai pris
un
brochet de 40 cm et une grosse brème à la mouche et j'ai cassé ma cane
anglaise
en voulant la ramener. La rivière est jolie suivie par un petit
sentier,
car elle était navigable autrefois, quelques trous dans les virages,
trou
madame, trou gaillard, trou du curé.
Ma plus grosse vaudoise faisait une livre, mais j'ai casé dans l'herbe
en
la ramenant, j'ai pris un gros chevesne. Un retraité péchait la perche
a
la dambinette (?). La cartonnerie Thomas à Pierrepont a pollué et il y
a
eu de moins en moins de vaudoise. La vaudoise prend la mouche en se
retournant
quand elle est passée. souvent sous les arbres (saules) où il y a des
insectes.
De 1958 à 1970 j'ai pêché: 142 vaudoises, un brochet, une perche,
un
rotengle et un chevesne.
La pêche à Chapeauroux
La vallée de Champeauroux est un site magnifique de la Lozère. La
rivière
à pente rapide, torrentueuse, encaissée prend sa source à
l'Habitarelle,
sous Châteauneuf de Randon (1000 m) où se trouve le mausolée en granit,
imposant,
de Duguesclin qui fut tué au siège de Châteauneuf contre les anglais.
Ce
n'est que cascades, cascadelles avec quelques petits étangs dus aux
barrages
de rochers. Au mois de juin, c'est une splendeur avec les bouquets de
genêts
en fleurs qui percent au milieu des verts sombres des pins et sapins.
La
rivière se jette dans l'Allier au village de Chapeauroux sous un
immense
viaduc en courbe. C'est la que fut tourné le film "la princesse du
rail"
(locomotive) et nous avons vu le départ de l'équipe de tournage.
Les truites, les vaudoises, les chevesnes s'y plaisent mais sont
difficiles
à prendre à cause du nombre de pêcheurs.
J'y suis allé trois années consécutives. Une fois avec Andrée nous
avons
du mettre rapidement un chandail en sortant de l'auto, en plein midi,
en
été, tellement il faisait froid.
En 1965, j'ai campé avec Antoine et la frégate à Chapeauroux. Je suis
allé
avec Marcel Darras, en ...., à l'hôtel de Chapeauroux. La vielle
buraliste
avait beaucoup de mal à faire ses comptes pour un paquet de tabac!
Une route bordait la rive droite du torrent et le surplombait quelque
fois
de 50 mètres. C'est ainsi que j'ai photographié deux baigneurs roses
que
nous avons pris pour Adam et Eve, d'après la tenue. (voir diapositives
).
Salesse
commune de St Christophe les gorges
Propriété de la famille Lafarge en indivision depuis 1821 (gravure de
Mgr
de Quelen, calendrier). Maison du cantal type couverte en lauzes et
avec souillarde.
Une grande cheminée, une belle armoire, un lit avec rideaux et
couverture
rouges. La pierre de la porte d'entrée laissait passer un courent d'air
terrible
vers la grande cheminée. Nous avons eu un gros orage et l'eau tombait
sur
le lit par un trou dans le toit. A coté il y avait une grange où l'on a
fait
un dortoir avec vue sur le barrage d'Enchanet. Un four à pain servant
surtout
par temps neige. Une grange où l'on montait le foin au dessus de
l'étable
avec le tombereau à boeufs. Une ferme occupée par Mr Mallet sa femme et
ses enfants. Jeannot qui a épousé la bergère du Chanrobert qui faisait
sa communion
à notre arrivée. Une fille a épousé un gendarme. Mallet a tué un homme
qui
courtisait sa femme ( assez jolie ) mais a bénéficié d'un non lieu.
C'était
un braconnier qui pêchait la truite à la main, au filet, à l'épervier;
Il
les vendait à Pleaux aux hôtels, pour les mariages et 1ères communions
même
chez les gendarmes. Il pouvait ainsi payer l'énorme quantité de vin
qu'ils
consommaient, jusqu'à 7 litres par jour.
J'y suis allé avec ma traction. Le site est magnifique: c'est un
éperon
rocheux (gneiss, micaschistes) qui surplombe la vallée de la maronne,
torrent
descendu du Puy Mary et l'oblige à faire une grande boucle autour d'une
presqu'île. La ligne de chemin de fer de à Aurillac traverse la
propriété, tantôt en
viaduc, tantôt en tunnel et met souvent le feu aux bois. C'est la
source
de revenus.
Dans la Maronne, il y a pas mal de truites, des chevesnes (cabots) ,
des
perches et des gougeons.
Une allée de tilleuls mène au banc de pierre d'où l'on a une jolie vue
sur
les gorges.
La grande ferme est à coté de la maison, aussi un four à pain pour
l'hiver,
une étable et la grange au dessus. Derrière la ferme il y a un beau
potager
et des bruyères splendides. Nous sommes retournés à Salesse en 58 avec
René et Suzanne.